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Jomson (2750m) > Kathmandu
Jeudi 25 mars 2010 : Retour à Kathmandu et survol des Annapurnas
Nouveau lever matinal à 4h30. Nous devons en effet prendre deux avions ce matin. L'enregistrement et les formalités administratives sont très lourds : fouille minutieuse des sacs, de tous les sacs. Mon sac à dos de 80 litres comptant vraiment trop de poches, l'officier crie grâce bien avant la fin réglementaire de la fouille.
Un petit avion de la Yeti Airlines ne tarde pas à se poser sur le tarmac. En moins de deux, les passagers et les bagages sont débarqués et nous les remplaçons à bord. Sur les conseils de Rudra, je me positionne sur le côté gauche sur un siège rabattable. Une hôtesse distribue un bonbon à chacun puis nous partons pour 18 minutes de vol entre Annapurna (à gauche) et Dhaulagiri (à droite). Ceux-ci dépassent néanmoins à peine du voile nuageux. A l'arrivée, nous survolons des montagnes toutes roses, couvertes de rhododendrons en fleur. Magnifique ! Puis nous surplombons le lac de Pokhara.
L'escale à Pokhara dure deux heures puis, après de nouvelles fouilles, nous embarquons dans un avion un peu plus gros de la Yeti Airlines à destination de Kathmandu, la capitale du pays. Le vol dure cette fois-ci 25 minutes. L'hôtesse nous gâte : bonbon puis cacahuètes et enfin boisson. Au-dessus du plafond nuageux, les passagers assis sur la gauche peuvent distinguer les Annapurnas, le Manaslu et le Lamtang.
A 11h, nous atterrissons et regagnons l'hôtel Norbu Linka une heure plus tard car la circulation est dense. Rudra nous y laisse et viendra nous chercher à 14h30. Les repas étant libres, nous allons dans un restaurant nippo-népalais dans la rue principale.
Cette après-midi, notre programme concerne Durban Square, la place principale du quartier historique. Sur la route, nous passons devant de nombreux sanctuaires hindous où chaque statue est partiellement couverte de poudres rituelles.
La circulation des voitures, motos, cyclo-pousses est chaotique mais chacun évite tous les obstacles. Pour circuler à pied, mieux vaut avancer sans se préoccuper du trafic.
Au début d'une nouvelle rue, nous tombons sur le Bangemkura : pour soigner une douleur dentaire, le "malade" passe une pièce sur sa joue du côté douloureux. Puis, il la cloue sur la structure en face de lui pour qu'elle emporte sa douleur.
Durban Square finit par apparaître devant nous. Jusqu'au 18ème siècle, Kathmandu, Bhaktapur et Patan formaient trois royaumes de la vallée qui rivalisaient en matière d'architecture notamment. Durban Square est le lieu d'expression de cette lutte à Kathmandu. En arrivant du Thamel (quartier touristique où se trouve notre hôtel), le voyageur se retrouve d'abord en face du Temple de Taleju ou temple du sacrifice. 108 sacrifices de boeufs y étaient réalisés une fois l'an d'où le nom de l'édifice. Celui-ci est entouré de la muraille blanche du palais ainsi que de temples hindous. Le roi, pour des raisons de sécurité, ne devait pas sortir de son royaume. C'est pourquoi les temples furent construits à proximité.
Un peu plus loin, un mur dont certaines briques sont colorées et figurent une divinité. Il s'agit de Kala Bhairava, la représentation de Shiva en colère datant du 15ème siècle. Shiva est une des trois principales divinités de l'hindouisme avec Brama, le créateur de la Terre, et Vishnou, le protecteur. Pour les hindous, le Bouddha n'est qu'une réincarnation de ce dernier dieu. A côté de ce mur coloré, un immense char est prêt à s'ébrouer dans le cadre d'une importante procession.
Nous prenons sur notre gauche et rejoignons le palais royal identifiable à son enceinte blanche. Sur un de ses murs, une inscription en quinze langues différentes témoigne de la faculté d'un des rois à maitriser un tel nombre d'idiomes.
Un peu plus loin se dresse Hanuman Dhoka ou Porte d'Hanuman. Le dieu singe y est symbolisé par une statue recouverte d'un tissu rouge. Au 7ème siècle avant le bouddhisme, c'est un grand guerrier ami de Rama. Ce dernier a vu sa femme être enlevée par les démons. Hanuman l'a aidé à la récupérer d'où son nom de Dieu de l'énergie. Une autre fois, Hanuman est parti dans l'Himalaya pour trouver une plante susceptible de sauver son frère. Mais arrivé sur place, il ne s'est plus souvenu du nom de la plante médicinale et a donc rapporté la montagne entière. Ces deux divinités apparaissent souvent dans les temples dédiés à Vishnu en tant qu'avatars.
A côté de la statue, une entrée du palais malheureusement interdite aux touristes.
Rudra souligne à ce moment une caractéristique importante du temple hindou : devant chacun d'eux, une statue représente le "véhicule" associé à la divinité célébrée : l'oiseau Garuda pour Vishnu, le taureau pour Shiva, le rat pour Ganesh ...
Nous terminons par le Palais de la Kumari, construit au temps de la dernière dynastie Malla. Le bâtiment est réputé pour ses boiseries : les fenêtres remontent par exemple au Moyen-Age. La Kumari est non moins célèbre et vénérée. Et pour cause : c'est une déesse vivante. Elle est choisie entre 5 et 7 ans dans la famille Shakya de confession bouddhiste. Elle est considérée comme la réincarnation d'une déesse familiale des Malla (ancienne famille régnante) : Taleju. 32 signes distinctifs permettent de la reconnaître et elle doit faire preuve de bravoure et de courage. Kumari signifie "vierge", elle occupe donc sa place spéciale jusqu'à 12 ans maximum avant d'être libérée de ses obligations. Durant sa fonction, elle ne peut sortir qu'une fois par an de son palais mais ne doit pas fouler le sol de ses pieds. Elle est donc portée pour accomplir le tour de la vallée. Une fois relevée de ses fonctions, elle peut désormais se marier librement alors qu'auparavant, tout mari potentiel craignait pour sa vie. La Kumari actuelle est âgée de 6 ans. Il est possible de la voir mais pas de la photographier.
En ressortant, nous nous apercevons que le char évoqué précédemment est en mouvement tiré par une foule sous l'injonction d'une poignée de religieux vêtus en blanc. Ce serait la fête de la Kumari ?
Le retour à l'hôtel par le même chemin est assez précoce (16h30). Je ressors donc me promener sans carte jusqu'au lac de la Reine construit par un souverain pour soulager sa femme qui a perdu un de ses fils. Au milieu d'une étendue lacustre s'élève un pavillon blanc.
Au sud de celui-ci, un parc où se masse la population malgré la rareté de l'herbe. Et encore plus loin, une succession de terrains de sport.
Je regagne le centre-ville en passant devant un immense chorten. Sur ses quatre faces, les yeux du Bouddha surveillent les passants pour signifier que le Bouddha voit tout.
Je pénètre ensuite dans un dédale de ruelles étroites et très sombres, bordées de commerces. A son débouché, je rentre dans un temple hindou probablement de premier ordre tant il est décoré : le Jana Bahal.
Je regagne l'hôtel en passant sous une forêt de fils électriques où un funambule est à l'ouvrage. Comment fait-il pour s'y retrouver ?
La balade se termine sur une place où quelques commerçants vendent une poignée de fruits et légumes.
Nous prenons notre dîner toujours dans la même rue mais dans un restaurant tibétain pour changer. Une marche "digestive" clôt notre soirée en groupe. Je passe le reste de mon temps avec Arjun, autour d'une tasse de thé, à échanger sur la vie quotidienne au Népal et à prendre quelques derniers cours de népalais.
Tags : durban square, kathmandu, jomson, lac de la reine
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