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Chame (2550m) > Pisang le Haut (3300m)
Jeudi 18 mars 2010 : Panorama sur les Annapurnas
Comme prévu, en sortant de Chame, Rudra nous apporte plus d'explications sur les deux édifices vus la veille.
Concernant le mur de mani, il est constitué d'un nombre incalculable d'inscriptions "Om Mani Padme Hum" (qui signifient "Ô toi joyau dans la fleur de lotus") gravées directement sur la pierre et régulièrement peintes en couleur. Il s'agit du mantra de la compassion qui comporte les 6 syllabes en sanskrit créées par Avalokitesvara. Ce mantra figure également sur et à l'intérieur des moulins à prières. En récitant cette formule rituelle, les croyants manifestent leur compassion pour les êtres dans la misère, les malades ou les défunts. Actionner un moulin à prières aboutit au même effet. Sachant cela, je peux désormais me conformer aux croyances locales tout en associant mes gestes à une personne dans chacun de ces cas ce qui est plus correct que de le faire sans conviction.
Sur ce mur de mani constitué de pierres plates, certaines présentent une forme de disque. Il s'agit alors de mandala dont la surface est décomposée en 6 zones, à la manière des camemberts du Trivial Pursuit. La portion du haut correspond aux dieux du paradis. A sa gauche, les demi-dieux et à sa droite, les humains. Tout en bas, ce sont les enfers encadrés à gauche par les animaux et à droite par les fantômes la faim. Tout bouddhiste évolue en fonction du résultat ou fruit de ses actions dans un de ses 6 mondes. A chaque réincarnation, l'individu peut aussi atteindre dans certains cas le nirvana, la fin du cycle des réincarnations. Cette "illumination" est symbolisée par un croissant de lune au-dessus du mandala. Au centre de celui-ci, un cercle est dessiné, le rhi. Mais, je reviendrai ultérieurement sur tout ce paragraphe lors de la présentation de la roue de la vie qui illustre beaucoup mieux ce concept.
Puis, nous faisons quelques pas jusqu'à la porte-chorten. Celle-ci remonte à 6-7 ans apparemment. Son plafond est également décoré d'un mandala plus traditionnel à mes yeux profanes. Au centre se trouve la divinité principale mais d'autres sont également représentées sur les bords. L'aspect général est un carré à quatre portes au centre duquel se trouvent trois cercles concentriques. Les divinités secondaires siègent au sommet de chacune des portes. C'est par ces dernières que le croyant atteint la divinité principale, placée au centre. Le mandala n'a en outre pas de sens : il n'y a pas de haut et de bas, pas de sud ni de nord ...
Les murs du chorten sont également ornés de nombreuses fresques représentant des bouddhas et des bodhisattvas.
Un peu plus loin, la vue s'ouvre sur le Lamjung, le rocher de feu. Celui-ci partage l'horizon avec l'Annapurna II. Nous cheminons à travers une forêt de pins. A cette saison, il n'y a aucune sangsue à déplorer contrairement à la période de la mousson. Les paysages et villages que nous traversons sont charmants.
Au sommet d'une montée, nous parvenons à un petit sanctuaire comprenant un chorten agrémenté de fleurs, des khatags, des drapeaux à prières et des pierres gravées. Il s'agit dans le langage local d'un deurali qui, la plupart du temps, coiffe les sommets.
Nous atteignons en fin de matinée la localité de Dokhure Pokhari. En attendant de nous restaurer, nous partons comme à l'accoutumée pour une petite marche.
Pokhari signifie "lac" en népalais. Et effectivement en reprenant la marche, nous ne tardons pas à en croiser un, en l'occurrence le lac des tourterelles (Dokhure en népalais). Il s'agit cependant plus d'un étang et celui-ci est recouvert d'algues.
L'après-midi est très courte et à 14h30, nous entrons à Lower Pisang. Nous y prenons possession de nos chambres. Pisang est décomposée en deux parties distinctes : la ville basse où nous logeons et la cité haute à flanc de montagne.
Vu le temps dont nous disposons, nous partons pour la partie haute du village afin de parfaire notre acclimatation et d'aller visiter un petit monastère. Deux ponts parallèles permettent de franchir le torrent et d'entamer la montée. Champs pierreux et arbres fruitiers agrémentent notre ascension.
Le village de Pisang le Haut (Upper Pisang) est resté très traditionnel. Contrairement aux autres lieux traversés, aucune pancarte n'indique "meilleur lodge de la région" ou "ici la nourriture est bonne". Les maisons en pierres comportent deux étages. Le premier abrite les animaux en hiver quand ils ne peuvent plus rester dans leurs estives, le second coïncide avec l'habitation proprement dite. Le toit est plat pour garantir une meilleure isolation et la façade est pauvrement dotée en petites fenêtres de bois parfois de belle facture.
Nous laissons un long mur de moulins à prières sur notre gauche, serpentons dans les rues du village et finissons par arriver au monastère.
Le monastère de Chholing Gumba a été construit en 1889. Il est bâti sur une vaste terrasse, balcon artificiel sur le massif des Annapurnas en face de nous. Au-dessus de la porte, on retrouve la traditionnelle roue de la loi entourée des 2 biches. La roue symbolise l'enseignement du bouddha. Lorsqu'elle est mise en mouvement, elle répand la connaissance vers les quatre points cardinaux. Quant aux deux biches, elles représentent les deux premiers auditeurs du Bouddha ou rappellent le lieu de son premier discours dans un parc de Bénarès en Inde.
En pénétrant à l'intérieur de l'édifice, on plonge dans un univers coloré permettant d'identifier le courant du bouddhisme népalais. Contrairement au theravada où seul le Bouddha et ses disciples sont représentés sur les fresques, le courant mahayana figure également d'autres personnages réels ou imaginaires (grands chefs bouddhistes par exemple).
Une fresque au-dessus de l'entrée met en scène un enfant debout sur une fleur de lotus. Celui-ci pointe son doigt vers le haut. C'est le symbole de la naissance du Bouddha (par "Bouddha", j'entends bouddha Shakyamuni, le bouddha historique mais il y en a eu plusieurs). 6 autres fleurs lui font face et 6 autres perpendiculaires au bout des premières. Ce chiffre correspond aux 7 premiers pas de Bouddha de suite après sa naissance. Sa mère apparaît également sur la même représentation.
Les autres parois passent en revue d'autres événements de sa vie. Du plafond tombent des cylindres de drapeaux dont la base est plus étroite que le sommet : ce sont les bannières de victoire.
Face à l'entrée, trois statues; de gauche à droite :
- Avalokitesvara, le dieu de la compassion vu à Danaque
- le Bouddha
- Padmasambhava plus connu sous le nom de Guru Rimpoche. C'est l'introducteur du bouddhisme au Tibet. Il est aisément reconnaissable à sa moustache et à un trident à 3 têtes représentant les Bouddhas du passé, du présent et de l'avenir. Il existe 8 représentations différentes de ce personnage.
De ces statues partent deux bancs bas : ceux où les moines font leurs prières. Les moines les plus anciens se postent près des statues voire sur des sièges ou des fauteuils surélevés et en retrait pour les chefs religieux. Les novices sont plus proches de la porte.
La salle contient également conques, shankhs (sorte de coquillage ci-dessous), tambours de prières, masques de cérémonies, des tankas (étendards représentant un personnage ou un mandala) ...
En sortant du monastère, nous laissons sur notre gauche le Cholu West et réempruntons le même itinéraire qu'à l'aller.
Tags : chame, pisang
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