• Besishahar (850m) > Ngadi (920m)

     

    Dimanche 14 mars 2010 : Début du trek

       Le trek démarre aujourd'hui mais bien loin de la capitale. Le lever est donc matinal (5h30) tout comme le départ (6h30). Nous avons en effet cinq heures de route devant nous pour atteindre la ligne fictive d'où nous nous élancerons à pied. Le temps de trajet s'explique aussi par l'état de la route que nous empruntons et un impondérable n'est jamais à proscrire (route barrée par un éboulement).

       Notre minibus passe nous prendre à l'hôtel. L'occasion pour nous de découvrir nos porteurs. Ceux-ci ficèlent les bagages sur la galerie et nous voilà partis. Le centre touristique laisse rapidement la place à des quartiers bien plus pauvres où la misère saute directement aux yeux. Le Népal est effectivement un des pays les moins favorisés d'Asie et du monde. Seuls 30% des actifs y touchent un salaire régulièrement. Les 70% restants travaillent pour leur propre compte dans l'agriculture de subsistance. Et je ne parle même pas du nombre astronomique de chômeurs (plus de 40%) qui, bien sûr, ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat. Le salaire moyen est de 4000 roupies. A l'hôtel, le personnel touche 6000 roupies, le minimum syndical. La vie à Kathmandu étant plus onéreuse qu'en province, certains sont contraints de pratiquer deux métiers pour s'en sortir.

       Sur la route, les obstacles se multiplient et freinent notre progression : pierres en travers de la route nous obligeant à zigzaguer, péages, barrages de l'armée ou de grévistes ... Le conducteur est souvent obligé de négocier pour pouvoir passer et il doit de temps en temps laisser un billet. L'époque maoïste est révolue mais des restes subsistent. Le paysage se déroulant sous nos yeux mêle montagnes et rizières principalement.

       La circulation est toujours aussi chaotique et désorganisée. Le plus fort s'impose même s'il faut arrêter le véhicule qui vient en face sur sa propre voie. Les camions que nous croisons régulièrement sont originaux : ils sont peinturlurés de nombreuses représentations comme des personnages religieux ou des animaux par exemple. Chacun délivre en outre un message sur son pare-chocs arrière du genre "vitesse limitée à 40 km/h", "roi de la route" ... Je n'ai hélas que la photo du camion le plus sobre du Népal :

    Camion népalais

       Nous marquons une pause dans un village sur la route le temps de nous rafraîchir car il fait déjà bien chaud. Quelques regards convergent vers nous en tant que seuls touristes du coin. Pour en finir avec le trajet, je dois mentionner que notre chauffeur a dû s'arrêter sur le bord de la route pour déployer sur le capot une inscription "Tourists only" censée nous faciliter la progression. Il s'est effectivement avéré au cours de notre déplacement que les véhicules qui n'en sont pas équipés sont parfois bloqués des heures à certains barrages.

       Nous rallions ainsi, peu avant midi, la ville de Besishahar, extrémité de la route carrossable et point de départ officiel de notre trek. Nous sommes à ce moment-là à 850 mètres d'altitude. Avant de nous élancer, Rudra nous amène toutefois au restaurant prendre une soupe et un nouveau dal bhat. Les Népalais en mangent deux fois par jour : le matin avant d'aller au travail et le soir pour conclure la journée. Entre-temps, ils optent pour une collation sous forme de momos (les raviolis) par exemple. Le riz n'étant pas partout disponible, il arrive souvent qu'il soit remplacé par d'autres céréales (maïs, blé ou sarrasin) dans les villages d'altitude. Le développement des transports y pallie toutefois de plus en plus aujourd'hui. Pour finir sur la nourriture, il faut préciser que, même s'il est produit en grande quantité, le riz est prioritairement exporté vers l'Inde à un prix élevé (au même titre que le sucre). Avec une partie de cette rente, le Népal achète à son tour du riz de moindre qualité donc moins coûteux à son voisin du sud.

       Krishna nous rejoint à ce moment en qualité d'assistant de Rudra. Etant désormais au complet, le trek est officiellement lancé vers 13h, sous une forte chaleur. Rudra ouvre la marche, Krishna la ferme. Nous traversons un paysage champêtre de riz et de maïs ponctué çà et là de quelques habitations.

    La Marsyangli Habitation à flanc de colline Paysage de rizières et de collines

    Dans les champs, les éleveurs et les cultivateurs s'activent.

    Gardienne des chèvres Labourage

       Deux fleuves se trouvent successivement sur notre chemin : le Khudi Khola, la première occasion de traverser une passerelle en bois,

    Pont suspendu

    et la Marsyangli, fil directeur des premiers jours du parcours. Nous traversons cette dernière sur une passerelle en fer, plus stable que la précédente et désormais plus répandue.

    Juste après le premier pont de bois, nous marquons une halte dans le joli petit village de Khudi qui abrite déjà les premiers lodges.

    Khudi


       Depuis que nous nous sommes élancés en début d'après-midi, je constate que Krishna ne parle pas, probablement isolé par la barrière de la langue. Je décide donc de lier conversation en me laissant glisser à l'arrière du groupe. Les premiers échanges sont en effet quelque peu compliqués car nous rodons tous les deux notre anglais. Je comprends toutefois qu'il a seulement 22 ans, est originaire de Kathmandu et parle plus ou moins 5 langues (népalais, anglais, français, indien et japonais). Il appartient à l'ethnie des Tamang, une des multiples que compte le pays. Il suit actuellement une formation de guide qui, d'ici deux ans, arrivera à son terme.

       Nous passons ensuite par le village de Bhulbhule (900m) à la jonction de deux vallées d'où nous aurions dû nous élancer si la piste avait été meilleure. La rivière Marsyangli continue de nous accompagner dans notre marche et nous offre de temps à autre un point de vue surprenant comme cet arbre en fleur se détachant de son environnement immédiat.

    Arbre en fleur

       Nous terminons la journée à Ngadi (920m) à 16h30. Aussitôt arrivés, les nuages bouchant les sommets percent. L'averse éclate occasionnant de fréquentes coupures d'électricité ce qui est plutôt gênant pour prendre sa douche. Ce premier lodge est assez sommaire mais reste confortable : nous dormons à l'étage dans des sortes de cagibis constitués de planches de bois partiellement disjointes.

       A 17h, nous entamons la pause thé/café qui sera désormais quotidienne. Rudra en profite pour nous briefer sur le parcours, carte à l'appui. Le reste de la soirée sera plutôt bref sous l'effet conjugué d'un réveil matinal, d'une chaleur pesante et du manque d'une source de lumière constante.


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